L’effet de fragmentation du territoire par les infrastructures de transport est largement documenté depuis une quinzaine d’année, dans la littérature scientifique mais également dans les études opérationnelles. Cet effet est dû à la fois à l’impossibilité de traverser les voies ferrées pour la faune (clôtures, obstacles, crainte) et à un risque de collisions avec les trains (Borda-de-Água et al., 2017). Parmi les mesures de réduction de la fragmentation, l’utilisation par les animaux d’ouvrages de franchissement non dédiés à la faune a été attestée localement par diverses observations (Rodriguez et al. 1996 ; Clevenger et al. 2001).
Les études sur le sujet se focalisent généralement sur la fragmentation ou sur les collisions, et rares sont celles mobilisant les concepts de continuités écologiques dans le domaine ferroviaire. L’objectif de cette thèse est de mieux comprendre l’influence conjointe de divers facteurs sur les composantes de l’effet barrière des infrastructures (incapacité de passage, mortalité), dans une approche multi-échelles (locale, régionale).
L’étude se concentre sur la grande faune (cerfs, chevreuils, sangliers) qui occasionne des dommages importants. Il s’agira notamment d’évaluer l’influence de la connectivité fonctionnelle sur la distribution spatiale des collisions et la fréquentation des ouvrages de franchissement, le long de la ligne Quimper-Rennes (Bretagne). La modélisation spatiale par la théorie des graphes sera mobilisée pour évaluer la connectivité fonctionnelle pour chaque espèce en tenant compte de leurs spécificités d’habitat (e.g. milieu forestier strictement, milieu forestier et milieu ouvert). La fréquentation de 40 ouvrages sera évaluée par la pose de pièges photographiques pendant un an. Le traitement des vidéos s’appuiera sur des algorithmes d’identification automatique via l’intelligence artificielle, qui feront l’objet d’amélioration pour affiner leur précision et comptabiliser les passages complets, partiels et les refus de franchissement des animaux.