Au début des années 2000, on assiste en France au développement de vacants jardinés : des espaces interstitiels, dont les anciennes utilisations du sol sont caduques, temporairement conquis et végétalisés par les habitants. L’encadrement de ces initiatives par les municipalités donne naissance au jardin partagé, dont le vacant jardiné institutionnalisé constitue un type spécifique car installé sur un terrain vacant et temporaire. Cette thèse vise à appréhender le vacant jardiné comme un outil d’analyse privilégié du « faire » et du « vivre » la ville contemporaine grâce à une étude, combinant méthodologies qualitatives et quantitatives, fondée sur 48 études de cas du nord-est de l’Île-de-France. Nous montrons ainsi que la gestion de territoires urbains publics par des associations constitue un fait inédit. Toutefois, alors que les usagers participent pleinement à la gestion du vacant jardiné, ils ont un rôle limité dans la prise de décision. Si le développement des vacants jardinés institutionnalisés témoigne d’un engagement politique, il s’inscrit aussi dans des stratégies de rentabilisation accrue des espaces urbains qui présentent des bénéfices certains pour les municipalités en termes d’embellissement, de sécurisation des sites et d’image politique. Enfin, les impacts sociaux et environnementaux sont à relativiser. D’une part, la création de liens sociaux est circonscrite à l’espace du jardin, en raison de son statut hybride relevant du « club ». D’autre part, les vacants jardinés sont davantage appréhendés comme des outils d’amélioration du cadre de vie et de sensibilisation à l’environnement que comme des territoires écologiques et de biodiversité effectifs.