UMR7533

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Transversalité 3

Questionnements méthodologiques et réflexivité des démarches scientifiques

Responsables
Clélia Bilodeau
Géographe, Université Paris Cité
Étienne Grésillon
Géographe, Université Paris Cité

La réflexion sur la construction de la recherche et des savoirs scientifiques constitue une dimension forte de l’histoire du laboratoire. Dans cette optique, le prochain quinquennal fixera notamment dans son agenda plusieurs chantiers de discussion et d’expérimentations poursuivant cette tradition, au bénéfice des nombreux apports déjà réalisés sur ces aspects.

Pour un laboratoire qui souhaite faire des pas de côté par rapport au paysage parfois figé de l’organisation du débat entre les sciences, réfléchir aux incompréhensions qui peuvent naître de l’interdisciplinarité représente une des discussions phares de cette transversalité. Parmi les sujets de questionnement, on peut citer la formulation des enjeux scientifiques, qui dépend en premier lieu du vocabulaire dans le dialogue scientifique : notions, concepts, synonymie et divergences des termes et donc des approches conceptuelles. L’organisation de la recherche et la gestion différenciée du temps entre différentes pratiques, démarches et méthodes (monographie, recherche-action, recherche intervention, expertise, expérimentations) constituent un autre enjeu de discussion. Dans ce dialogue, on retrouve par ailleurs une vieille question sur laquelle le LADYSS intervient depuis de nombreuses années, celle du croisement et des articulations entre démarches qualitatives et quantitatives, et conséquemment le lien à l’instrumentation et aux données.

Cette préoccupation sur la production des données fait écho à l’enjeu de la métrologie. Il s’agit alors d’interroger la construction des états de référence, objectif qui nécessite un travail fin sur les mesures, afin notamment de pouvoir permettre leur comparabilité dans le temps. C’est la construction des indicateurs qui resurgit ainsi dans le débat, lequel s’illustre à travers de nombreuses recherches menées au sein du LADYSS, et cela à des échelles très variées.

Deuxième grand thème de réflexion, celui de la communication et de la transmission des savoirs scientifiques, voire de la coproduction acteurs-chercheurs, thème qui parcourt les trois transversalités tans il est au cœur de l’identité du LADYSS. Comment répondre à la demande d’outils opérationnels qui émane des pouvoirs publics, des partenaires financeurs, voire d’organisations de la société civile et d’entreprises ? Quel est le statut de ces connaissances nouvelles, comment présenter ces résultats de recherche, comment et à qui les transférer, notamment en lien aux différentes formes d’appropriation du savoir ? Comment se situer vis-à-vis de la demande sociale de « vérité scientifique » ?

Troisième chantier, qui reprend là aussi un thème récurrent des frictions entre des cultures scientifiques différentes, celui de la construction des démarches de modélisation, voire de la mise en débat de modèles à vocation normative ou à usage normatif. Ce sont là des notions et des méthodes à déconstruire : extraire et prioriser des paramètres clés pour comprendre les phénomènes, hiérarchiser ou formaliser les enjeux et interactions d’échelles, modéliser l’action des personnes, etc. sont autant de choix structurants qu’il faut sans cesse mettre en débat. Il nous semble qu’il peut y avoir un intérêt majeur à confronter des pratiques des chercheurs travaillant sur des objets différents et construisant ainsi des ponts et des points de comparaison. Réfléchir à la hiérarchisation des facteurs, à la sélection des variables, à la formalisation des rationalités à l’œuvre mérite toujours un grand renfort de précautions et de mise en perspectives.

Dans le domaine de l’expérimentation méthodologique, le LADYSS continue d’innover sur certaines méthodes de recherche notamment qualitatives, lesquelles ont constitué jusqu’ici la boîte à outils d’une grande partie de ses travaux. En particulier, il poursuit des expérimentations et discussions en matière d’analyse des réseaux et d’approches à l’échelle de l’individu comme les approches biographiques (récits de vie, témoignages, etc.).