UMR7533

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Transversalité 1

Inégalités et injustice territoriale : renouveler les approches

Responsables
Pascale Froment
Géographe, Université Paris 8
Thibaud Deguilhem
Économiste, Université Paris Cité

Caractériser les sociétés à travers le prisme des inégalités, décrire les formes d’inégalités, comprendre les processus qui les produisent, les reconduisent, les recomposent, les amplifient ou les corrigent constitue un axe d’interrogation de fond des travaux portés historiquement par le LADYSS.

Caractériser, à partir de champs thématiques et de disciplines différentes, les formes de développement inégal au sein des sociétés, des espaces physiques et sociaux qui les composent (pays au sein d’ensembles régionaux, villes au sein de réseaux urbains, rapports villes-campagnes, quartiers au sein de villes, etc.), et reconstituer les logiques inégalitaires qui en sont à l’origine, permettent de mettre en perspective historique, sociale, politique, philosophique, en termes de genre, la production et les mutations du social contemporain à différentes échelles. L’objectif est de relire la notion d’inégalité avec celle d’injustice notamment au prisme de transformations profondes des 20 dernières années, de tenir compte de temporalités diverses et de relier plus fortement la notion, notamment à celle de « transition », afin d’envisager les éléments de rupture ou de continuité dans les formes d’inégalités mais aussi dans leurs représentations, mais aussi en lien avec les diverses mobilisations (cf. Transversalité 2).

S’interroger sur les modalités de genèse des inégalités renvoie à la question de leur définition et de leur mesure. Comment passer de l’observation de disparités, de différences, de discriminations, d’écarts sociaux et spatiaux de distribution, d’allocation, d’accès à des ressources, d’exposition à des risques, à une pensée en termes d’inégalité(s) ?

Sur le plan méthodologique, à partir de quelles références normatives, avec quelles catégories, et à quelles échelles mesurer des écarts ? Comment ces normes et catégories sont-elles construites et sur quoi se fonde leur légitimité ? La nécessaire approche critique – épistémologique – des choix opérés participe elle-même de la construction et du renouvellement de l’objet « inégalités ».

Sur le plan philosophique et politique, à partir de quels idéaux et idéologies, des écarts observés peuvent-ils ensuite être qualifiés d’injustes ? Par quels processus les normes, les limites du juste, de l’(in)acceptable se construisent-elles et évoluent-elles ? Par, pour et avec qui ? Quels rôles jouent les différents acteurs publics et privés, institutionnels, politiques, citoyens, individuels dans les logiques de (re)connaissance – ou non – des inégalités en vue de leur transformation ?

Par quels rapports de force et de sens entre groupes, entre espaces, inscrits dans la durée, des différentiels de capacité d’agir s’installent-ils, créant des situations de vulnérabilité variées prises dans des spirales tantôt vertueuses tantôt négatives d’enfermement ? Comment les politiques publiques, les mobilisations, l’action collective s’inscrivent-elles dans la tension entre néolibéralisme et régulations collectives et contribuent-elles à transformer le sens de ces logiques, à diminuer ou à aggraver les inégalités ?

L’analyse des inégalités débouche alors nécessairement sur la question de l’articulation de la production de la connaissance scientifique et des savoirs d’autres natures, aux logiques d’action des acteurs privés, publics, citoyens, etc. Quels rôles joue la production de connaissance dans la transformation du réel, dans la dynamique du changement ? Ce questionnement interroge nécessairement le positionnement du chercheur, son engagement et les modalités d’inscription et d’interactions de son activité avec d’autres secteurs, professionnels ou citoyens. Travailler, chercher, produire de la connaissance sur les inégalités, c’est aussi travailler les inégalités en inscrivant l’activité des chercheurs dans une interrogation permanente sur ce qui permet de faire société et ce qui produit des coupures, voire des ruptures.