Soutenance de thèse d’Alexandre Auvray

Pour analyser ces enjeux, la thèse prend pour cadre géographique la ligne N du Transilien à l’Ouest de l’Île-de-France. En mobilisant des outils de modélisation des réseaux écologiques provenant de l’écologie du paysage, la connectivité paysagère de plus de 70 espèces animales est analysée. L’importance des quartiers de gare au sein des réseaux écologiques est évaluée en comparant ces quartiers avec d’autres tissus urbains de même type situés à distance des réseaux ferrés. Les résultats montrent que les effets de la densité urbaine sur le réseau écologique diffèrent entre quartiers de gare et quartiers sans gare. En zone rurale, les quartiers de gare jouent un rôle plus faible pour la connectivité paysagère que le reste des tissus urbains. En zone dense en revanche, certains quartiers de gare se démarquent positivement du reste du tissu urbain. Ces contextes peuvent alors se traduire en opportunités d’aménagement en vue de la réduction des impacts ou de la restauration de la connectivité.

Afin de permettre la traduction de ces résultats dans les pratiques des acteurs opérationnels – aménageurs des quartiers de gare ou acteurs de la biodiversité – une approche participative a été mise en place en organisant 4 ateliers repartis tout au long de la thèse. La sociologie de la traduction a été mobilisée pour concevoir ces ateliers et analyser les processus de co-élaboration et co-évaluation des modèles. Les acteurs, intervenants comme porte-paroles de différentes communautés – de la faune, de la communauté scientifique ou de professions de l’aménagement par exemple – ont pu donner leur avis sur la capacité des modèles à représenter ce à quoi ils étaient attachés.

Concomitamment, plus de 50 entretiens ont été réalisés auprès des différents acteurs concernés par les questions liant ferroviaire et biodiversité : associations de défense de l’environnement, salariés des différentes sociétés anonymes et filiales de la SNCF, collectivités territoriales. Dans le sillage de l’approche par les modes d’existence, ces entretiens ont mis en lumière les collectifs hybrides, composés d’humains et de non-humains, qui prennent part, soutiennent et encadrent les enchevêtrements sociaux entre quartiers de gare et biodiversité. Certaines structures organisationnelles ou documents de standardisation sont ainsi des freins à la prise en compte de la biodiversité. Certains acteurs clés des projets ou certaines initiatives de collaborations extra-entreprises sont au contraire le support de bonnes pratiques. La conduite du changement vers un « quartier de gare biodiversitaire » passe alors par de nouvelles pratiques collaboratives et de nouveaux non-humains qui les soutiennent, tout en permettant des traductions suffisamment fidèles et suffisamment permissives.