A mesure que l’État français fait sa transition numérique, il continue d’opérer sa décentralisation et prolonge l’ouverture de la production du territoire aux acteurs privés dans diverses voies de marché de l’économie des connaissances. La gouvernance décentralisée se poursuit dans les pratiques techniciennes au détriment de la politique. La cartographie foncière privée à destination des promoteurs immobiliers (type start-up) serait l’exemple d’une systématisation/automatisation des traitements de données publiques (open data) liées à l’espace par le secteur privé. La production de l’espace urbain par la médiation de cartographies foncières (en métropole et première couronne), toujours dans le contexte de la ville néolibérale, attribuerait de la valeur aux données spatiales qui se transmettrait à l’espace physique dont elles sont les données. Cette valeur tient au contexte d’investissement que va évaluer l’utilisateur en fonction des profils de population visés par les biens immobiliers ainsi qu’aux potentialités maximales de chaque espace (à l’échelle de la parcelle), résultat d’un traitement algorithmique (propre à chaque entreprise). Il s’agit d’un système rationnel qui maîtrise certains codes d’intelligibilités pour « faire faire des choses ». En ce sens, les mutations des modes d’action des producteurs (privés/publics) de la ville participeraient à une réécriture de la division sociale de l’espace.
L’extrême rationalisation dans le domaine de la production urbaine, par la médiation d’une gouvernance décentralisée privée, engagerait un nouveau paradigme dans la rationalisation des modes d’organisation sociale de l’espace.