Face aux révoltes dans le monde arabe en 2010-2011 et à la nature avant tout sociale des revendications dans les rues, on se pose nécessairement la question des clivages et des substrats sociaux à l’origine. Comment une société marquée par des enjeux historiques tels que la colonisation, des enjeux socio-économiques tels que la progressive annexion au marché global ainsi que des politiques galopantes de libéralisation, est-elle structurée et comment les clivages sociaux y sont-ils articulés à l’intérieur ? Quelles classes sociales et quels clivages peut-on reconnaître à la base de certaines préférences politiques et comportements sociaux ? C’est à partir de cet intérêt heuristique que ce projet veut donner une contribution à l’analyse de la structure sociale du cas spécifique tunisien, en ciblant par l’accès analytique de la consommation une étude des substrats sociaux définissables en tant que « classes moyennes ». L’effritement de ces classes dans le sillage de la progressive libéralisation et de la crise économique en cours, ainsi que la signification de la crainte du déclassement, du déclassement et des inégalités géographiques pour leur positionnement politique seront pourtant au cœur de l’analyse. Les problématiques proposées seront approchées par des méthodes empiriques qualitatives ainsi que quantitatives menées avec des clients et des visiteurs de plusieurs hypermarchés et supermarchés de Tunis et des villes de El Kef, Sidi Bou Zid, Gabès et Sfax.