Dans le contexte de renouvellement pluridisciplinaire du Ladyss, l’agriculture et l’alimentation restent pour les membres de cet atelier une entrée privilégiée pour analyser les processus d’ancrage local de la globalisation, ses conséquences en termes de déstructuration territoriale et des réponses émanant des initiatives et de la coordination d’acteurs locaux. Tout au long du 20ème siècle, l’évolution des règles de fonctionnement du commerce alimentaire mondial a eu pour conséquence de maintenir de nombreuses paysanneries des Suds globalisés dans des situations de vulnérabilité alimentaire chronique. L’approche territoriale des enjeux alimentaires de l’agriculture s’ancre alors dans la tradition des études agraires du développement agricole et de ses liens avec les enjeux de lutte contre la faim. Depuis le milieu des années 2000, l’évolution du contexte mondial (financiarisation des échanges internationaux du commerce alimentaire, concentration des populations dans les aires urbaines) et de ses conséquences sur les injustices environnementales et la santé humaine (augmentation des pathologies liées aux déséquilibres alimentaires significativement plus élevée pour les plus pauvres) appelle un renouvellement des cadres de cette approche. L’étude des processus de transformation des territoires par les enjeux agricoles et alimentaires ne peut plus se restreindre ni aux seuls espaces ruraux (la thématique reste abordée par des membres de l’atelier à travers le projet Transagri par exemple), ni aux dynamiques paysannes.
Pour répondre à cet enjeu, l’atelier 3 a eu pour objectif de mettre en évidence la contribution spécifique du Ladyss qui se développe autour de deux champs d’analyse :
1. – les liens entre recomposition des organisations de la production/transformation agricole et dynamiques territoriales. Sur ce champ, les articulations entre économistes et géographes ont été convoqués en particulier grâce aux rapprochements avec les membres de l’atelier 1.
2. – les liens entre mobilisations citoyennes, territoire du quotidien et gouvernance institutionnelle de l’alimentation, à partir de deux objets principaux : le jardinage urbain et les politiques de planification alimentaire (cf le travail de Renata Souza Seild sur la gestion politique de la précarité alimentaire en contexte scolaire français.
La problématique de l’atelier s’inscrit dans la démarche des études sur la globalisation par le bas attentives à la circulation des normes, à leur appropriation et ses effets sur les mécanismes de production de l’espace. Elle interroge en particulier la prise en compte des liens territoires/organisations dans les recherches sur les démarches de transition socio-écologique des systèmes alimentaires.
En envisageant les dynamiques territoriales comme les témoins des rapports de pouvoir et de domination qui reproduisent le système alimentaire, il contribue au champ émergent (en France) des études sur la justice alimentaire qui se situe au croisement des problématiques de la justice environnementale et des études critiques de l’alimentation. Cette contribution passe en particulier par la mise en dialogue des concepts mobilisés dans différents contextes (études urbaines/rurales, nord/sud, entre pays européens) pour considérer les emprunts, les abandons et les changements de sens qui marquent ces trajectoires de circulation.
Il contribue aussi aux débats sur la place du terrain et des formes du savoir dans la démarche scientifique en valorisant des recherches qui prennent au sérieux les hybridations issues de la circulation des concepts et des savoirs entre différentes sphères de pensée et d’actions. Nous avons ainsi réinterrogé certaines catégories mobilisées de longue date au sein du Ladyss comme le rural ou les liens ville-campagne à l’aulne de ces débats contemporains autour des enjeux de sécurité/souveraineté alimentaire, de justice environnementale ou de transition écologique des territoires et de la manière dont les acteurs s’en saisissent pour engager des transformations.
TRAVAUX SCIENTIFIQUES
Darly Ségolène, Demailly Kaduna-Eve, Paddeu Flaminia et Lagneau Antoine, Agriculture urbaine et quartiers populaires. Livre blanc. Issu de la rencontre “ Agriculture urbaine et quartiers populaires ” organisée le 19 novembre 2019 à la Maison de la Recherche de l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, mai 2022.
Lire le livre Blanc en ligne : https://hal.archives-ouvertes.fr/ha….
Demailly Kaduna-Eve et Lagneau Antoine, L’agriculture urbaine dans la mégarégion parisienne. Un outil pour réhabiliter l’habiter et repenser le lien au vivant, 2022. URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/ha….
Lundi 14 octobre 2024, de 13h30 à 16h, à Condorcet, Bâtiment Recherche Sud, Salle 2 122.
séance de séminaire commune LADYSS – Atelier 3 et Laboratoire Mosaïques – LAVUE.
Programme de l’après-midi :
13h30 – 15h : Présentation et échanges avec Paulo Eduardo Moruzzi Marques : Activisme alimentaire et réorientation agroécologique du MST (cf. présentation détaillée ci-dessous)
15h – 16h : Discussion autour de l’organisation d’un colloque sur la circulation des modèles agri-alimentaires avec le laboratoire Mosaïques en juin 2025
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Lundi 22 avril 2024
Journée d’enquête collective organisée par l’Atelier “Agriculture alimentation et transformation des territoires” du Ladyss
Le retour des moutons dans la plaine céréalière. Visite de fermes et rencontre d’experts en Ile-de-France
Lors de cette journée, nous rencontrerons un polyculteur éleveur qui a participé au programme POSCIF, un berger et un représentant de la Chambre d’Agriculture, conseiller élevage ovin en Île-de-France.
Organisée par Silvia Marzorati étudiante du Master 2 Varap.
Sur inscription
Le nombre de places est limité, merci de signaler votre intérêt pour participer à cette journée terrain auprès de Silvia Marzorati (silvia.marzorati@etud.univ-paris8.fr) avant le 22 mars 2024.
Détails et informations dans le document ci-joint.
Jeudi 21 mars 2024 de 09h30 à 12h30 à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, salle D008
Ladyss séminaire commun Atelier 3 « Agriculture alimentation et cohésion sociale » et site Université Paris 8
Fabrique ordinaire de la ville comestible : Cueillir, glaner, récolter le vivant dans les espaces ouverts de la métropole.
Ce séminaire interroge les possibilités de formes alternatives de subsistance dans les espaces du capitalisme avancé en prenant pour exemple les échanges de plantes prélevées dans les espaces ouverts (naturels ou agricoles) de la métropole. Alors que le travail du sol comme un support privilégié de réappropriation de l’espace public par les habitants, notamment en contexte paupérisé ou marginalisé (Paddeu, 2012), fait l’objet d’une littérature abondante, les pratiques sans terre et sans trace de cueillette, glanage ou récolte sur pied restent à explorer.
Pour aborder les formes et les enjeux de ce travail discret de collecte du vivant dans les interstices urbains, deux travaux de recherche seront mis en dialogue à l’occasion de cette séance.
Kaduna Demailly*, Audrey Bochaton*, Fabien Roussel**, Flaminia Paddeu** (* Laboratoire Ladyss,** Laboratoire Pleiade)
« Gingko, ail des ours et pissenlits. Les migrantes chinoises et la cueillette de plantes dans le Grand Paris: enquête sur des pratiques discrètes d’écologie populaire. »
Le projet « Cueillir en ville » du Labex Dynamite s’intéresse aux pratiques de cueillette en ce qu’elles apparaissent pour des populations migrantes comme une façon de participer à leur soin et subsistance, de faire usage de leurs savoirs et savoir-faire, de s’approprier leurs territoires de vie. Cette communication vise à étudier et éclairer au travers des pratiques de cueillette de femmes chinoises dans le territoire du Grand Paris, les relations au vivant, la gestion de la nature urbaine et leurs transformations.
Ségolène Darly (Laboratoire Ladyss)
« Travail invisible et liens informels entre campagne ordinaire et rue populaire : dans les pas du « maïs chaud » en région parisienne ».
Cette communication dessine une géographie de la vente informelle d’épis de maïs franciliens dans les rues des quartiers populaires de l’agglomération parisienne. En l’abordant à travers les témoignages des travailleurs racisés et non uniquement par la géographie des flux de marchandises « ethniques », il a été possible de montrer le rôle moteur des efforts quotidiens de subsistance dans le renouvellement de la ville par ses marges.
Présentation du séminaire du jeudi 21 mars 2024 au format PDF.