Coordinatrice du projet
Membre du Ladyss impliqué
Participants du projet extérieurs au laboratoire
Elsa Tyszler (postdoctorante GTM-Cresppa), Sara Cesaro (postdoctorante, LEGS) et Saba A. Le Renard ( Directeur.ice de Recherches au CNRS et membre du Centre Maurice Halbwachs)
Laboratoires du consortium
CRESPPA (Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris)
Centre Maurice Halbwachs
LADYSS (Laboratoire dynamiques sociales et recomposition des espaces)
Résumé du projet
Ces dernières années, le soutien de la base aux personnes en migration, en particulier dans les lieux de blocage tels que les zones frontalières, joue un rôle central dans les expériences de mobilité vers et au sein de l’Europe. Les frontières européennes, tant internes qu’externes, sont devenues de plus en plus militarisées et difficiles à franchir, engendrant une violence racialisée et genrée à l’encontre des personnes migrantes du Sud global. Dans le même temps, ces frontières sont devenues des lieux de soutien et de militantisme. Offrir l’hospitalité, des soins, des produits de première nécessité ou des informations pratiques et juridiques, ce soutien – souvent qualifié de solidaire – vise à garantir les droits fondamentaux bafoués par les politiques migratoires sécuritaires et à faciliter la poursuite du voyage des personnes en migration. Malgré un nombre croissant de travaux sur les solidarités aux frontières, la question des violences de genre et sexuelles survenant dans les espaces de la cause des migrant·e·s semble encore taboue.
Ce projet vise à comprendre les processus sociaux qui produisent des violences de genre et sexuelles dans les contextes de solidarités aux frontières françaises. Il entend mettre en lumière des violences jusqu’alors invisibilisées, qui semblent faire système dans le contexte politique de fermeture des frontières à certaines migrations et de disparition d’un droit d’asile effectif.
Pour étudier ces formes de violence, il s’agit d’identifier les rapports de pouvoir en jeu dans les situations de frontières, en saisissant à la fois les mécanismes structurels et les implications individuelles qui les permettent. Il s’agit de comprendre comment ces violences sont rendues invisibles, créant une hiérarchie des violences aux frontières, entre celles qu’il faut dénoncer et celles qu’il faut taire « pour le bien de la cause ». En abordant les questions des relations intimes, de la sexualité et de la violence sexuelle, l’étude vise à déconstruire les mythes de la solidarité « pure » et forcément légitime en faveur des personnes en migration.
La recherche qualitative dans trois zones frontalières – la franco-britannique, la franco-italienne et la franco-espagnole – permettra une analyse détaillée de la (re)production des rapports et relations de pouvoir et de domination entre les acteur·rice·s de la solidarité et les personnes en migration. Elle examinera, à différentes échelles, la (non) régulation des relations intimes entre « solidaires » et « bénéficiaires de la solidarité » dans les différents contextes; il s’agira également d’étudier les parcours des bénévoles/militant·e·s et la manière dont les représentations et les fantasmes de genre et de sexualité façonnent les espaces d’accueil. Cela permettra de mettre en lumière la manière dont la violence de genre et sexuelle est produite, traitée et vécue dans chaque contexte frontalier local. Nous prêterons attention aux différentes formes de violence produites dans ces espaces et à la manière dont elles interagissent avec les pratiques de contrôle migratoire. Il s’agira également de voir comment ces questions sont problématisées de manière différenciée dans les espaces de solidarité queer et hétéronormés.
Le projet vise à explorer ces nouvelles pistes de recherche, en particulier en ce qui concerne les liens entre contrôle des migrations, solidarité, sexualité, violence et (re)production de la race et du genre dans les zones frontalières. En outre, la recherche examinera si et comment les personnes en migration résistent à « l’ordre solidaire » en place aux frontières, en particulier dans les domaines de l’intimité et de la sexualité, et quelles formes alternatives de solidarité elles peuvent construire entre elles. Le résultat attendu de ce projet est à la fois de pouvoir ouvrir un nouveau champ de recherche académique et de soutenir concrètement les associations et les collectifs dans la prévention de la violence dans les espaces de solidarité. (autrice du résumé : Jane Freedman)
Mots-clés
violences sexistes et sexuelles, rapports de race, frontières françaises, milieux solidaires, migrations, contrôle migratoire
Données de recherche collectées
à venir.
Publications
à venir.