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Prochaine session du séminaire « Développement durable et économie de l’environnement » : Croissance moderne et développement durable : vers un monde sans agriculture ?

Depuis le rapport sur le développement de la Banque mondiale en 2008 (Agriculture for Development), l’agriculture a été replacée au cœur des stratégies de développement, comme l’illustrent les stratégies de croissance verte ou d’émergence de nombreux pays du Sud. Mais les transitions envisagées entre secteurs économiques, et en particulier la question de l’emploi, sont souvent traitées de manière peu explicite. Les travaux présentés dans ce séminaire introduisent une discussion indispensable de ces enjeux et des choix de modèles de développement qui leur sont liés.

Bruno Dorin (Cirad/Cired)

Lieu :
Reid Hall
4, rue de Chevreuse
75006 Paris
Métro : Vavin

Mardi 24 septembre 2013, de 12h30 à 14h30

Comme théorisé (Lewis, 1954) ou observé par le passé (Kuznets, 1966), le processus de développement économique s’accompagne d’une transition agraire au cours de laquelle les populations migrent de l’agriculture à d’autres secteurs, des campagnes aux villes. La productivité du travail agricole augmente alors et les disparités de revenu s’atténuent entre actifs agricoles et non-agricoles, ruraux et urbains, jusqu’à un « monde sans agriculture » (Timmer, 1988, 2009) où cette dernière ne représente plus que 3 % de la population active et du produit intérieur brut (PIB), comme aujourd’hui constaté dans les pays développés. Pourtant, et comme souligné dans des travaux intitulés « A World Without Farmers? The Lewis Path Revisited »[1], cette « route de Lewis » (Lewis Path) n’est pas celle suivie par 70 % de la population mondiale depuis 1960 au moins. Force est de constater que 55 % de la population (concentrée en Asie) suit même un chemin diamétralement opposé (baptisé ici Lewis Trap, ou « piège de Lewis ») au fil duquel la population active agricole croît, comme augmente l’écart de revenu avec les autres actifs. Comment expliquer cette situation inquiétante, voire explosive, dans les campagnes, ou dans les villes quand les populations agricoles y migrent pour tenter d’y survivre ? En recomposant les productivités partielles de la terre et du travail de 1961 à 2007 dans une unité inhabituelle (la calorie), les auteurs montrent d’abord comment la contrainte en terre interdit à la plupart des actifs agricoles du monde d’augmenter leurs revenus par la moto-mécanisation de surfaces croissantes. Avec des simulations numériques projetant l’Inde en 2050, ils illustrent ensuite quels facteurs extérieurs à l’agriculture barrent aujourd’hui la « route de Lewis » à ce pays comme à d’autres. Ceci les autorise alors à introduire et discuter un autre paradigme de développement, celui d’une intensification écologique (agro-écologie) hautement productive à petite échelle, intensive en travail comme en savoirs génériques et locaux, et insérée dans le secteur manufacturier comme dans celui des services.

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