Longtemps ignorée en pratique, la notion de développement soutenable s’utilise aujourd’hui dans des contextes si divers qu’elle apparaît parfois comme une simple mode médiatique. Or cette notion a, sous d’autres noms, plus de trente ans d’histoire ; elle cristallise des enjeux importants et, en toute
hypothèse, soutenables :
-* elle renvoie, en affichant le souci de protéger les conditions de vie et d’épanouissement des générations futures, aux effets pervers à long terme des comportements actuels, effets dus aux interactions entre les activités humaines et leur environnement naturel et construit : bouleversement du climat planétaire, catastrophes naturelles, tensions sur l’énergie ou sur l’eau, perturbations des écosystèmes et des chaînes trophiques par différentes pollutions, sécurité alimentaire, santé, ségrégation urbaine,
-* elle mobilise d’importantes communautés scientifiques à l’échelle internationale dans les sciences de l’univers, les sciences du vivant, les sciences pour l’ingénieur, la modélisation prospective, les sciences humaines et sociales ; le défi inédit pour des sociétés démocratiques est de déterminer comment prendre en compte des enjeux qui se présentent à un horizon temporel qui n’appartient habituellement pas à l’horizon des décideurs publics et des acteurs économiques ; comment les savoirs construits par les scientifiques peuvent-ils mieux contribuer à éclairer le débat public et à informer les décisions publiques et privées sur des dossiers pour lesquels les connaissances restent incertaines, sans qu’on puisse pour autant, en raison de l’inertie des phénomènes, attendre, pour
décider, que la communauté scientifique ait pu totalement réduire incertitudes et controverses.
-* elle marque l’agenda politique international ; à travers les grandes conventions d’environnement (climat, biodiversité), la production de normes à l’échelle européenne ou l’émergence du principe de précaution, les enjeux du développement soutenable touchent à la définition collective de l’« état acceptable » des « biens communs », aux conditions de la compétition économique, aux orientations de l’innovation technologique et aux rapports avec les pays en développement. Cet agenda pèsera toujours davantage à l’avenir sur le contenu des politiques
publiques aux échelles nationales, régionales et locales. Les régions, collectivités et villes qui auront su anticiper en prenant diverses initiatives apporteront des concours précieux, notamment par effet
de démonstration et seront plus adaptées que d’autres aux évolutions inéluctables.
Depuis l’origine, la question du développement soutenable est marquée par la nécessité de penser globalement pour agir localement. Mais force est de reconnaître que derrière le slogan, de nombreuses incertitudes et hésitations demeurent quant aux moyens institutionnels, réglementaires
et économiques d’assurer une articulation efficace entre les différents niveaux territoriaux, du planétaire au local. Les grands dossiers qui ont historiquement marqué cette problématique sont aujourd’hui perçus dans leur dimension globale sans que l’effort ait été suffisamment fait pour en
développer la dimension territoriale. C’est ici que l’émergence d’un programme de recherche francilien sur le développement soutenable peut apporter une réelle originalité et devenir un lieu novateur de production de connaissances.
Les travaux menés dans le cadre des précédents programmes de R2DS ainsi que l’actualité du réseau peuvent être consultés sur le site internet du réseau, www. r2ds-ile-de-france.com/