– Lieu :
Université de Pau et des Pays de l’Adour
Laboratoire SET UMR CNRS 5603
amphithéâtre de la Présidence
64000 Pau
– Les 7, 8 et 9 septembre 2011
L’objectif de ce colloque est d’explorer le processus de patrimonialisation de la nature dans sa composante géographique, son contexte d’émergence, ses enjeux et les valeurs qui le sous-tendent.
La patrimonialisation, mouvement sociétal de grande ampleur tout au long du XXe siècle, peut se définir comme des procédures d’appropriation développées par plusieurs intervenants ou groupes sociaux qui mettent en exergue des valeurs (mémoire, esthétique, singularité…) permettant à des objets d’acquérir la qualité de patrimoine. Ces biens communs à transmettre aux générations futures, prémices humanisés du développement durable, ont connu une expansion sans précédent pour reprendre une expression de Françoise Choay. Ainsi, le processus d’appropriation patrimoniale a porté sur des objets appartenant à des périodes historiques de plus en plus récentes jusqu’à estomper la limite entre élément du passé et élément du présent. L’appropriation s’est aussi intéressée à des éléments de plus en plus variés, passant d’un souci de transmission de multiples biens matériels à des biens immatériels tout aussi variés. De nombreuses épithètes sont donc venues s’adjoindre au mot patrimoine : patrimoine naturel, bâti, vernaculaire, paysager, culturel, etc.
Ces deux dimensions de l’appropriation patrimoniale ont eu des conséquences directes sur l’espace : on a assisté à une expansion spatiale des étendues patrimonialisées qui a bousculé les logiques de représentations et de gestion. Si cette dernière dimension a été particulièrement travaillée (conservation, protection, mise en valeur, ressource territoriale…), la compréhension des représentations et des valeurs qui sous-tendent le processus de patrimonialisation reste davantage à explorer, notamment en ce qui concerne les objets dits « naturels ». Les patrimoines naturels ont souvent été considérés comme des « cathédrales » de la nature, limités spatialement et à ce titre, envisagés et traités comme de quasi-monuments. Peut-on aujourd’hui se contenter de « coller » aux critères des objets mobiliers et des monuments bâtis pour construire les valeurs patrimoniales de la nature ?
En effet, le patrimoine naturel s’est lui aussi considérablement étendu et on le retrouve étroitement relié voire imbriqué aux notions d’écosystème, d’environnement de développement durable, etc. On l’associe même à des activités socio-économiques traditionnelles (pastoralisme par exemple). Le patrimoine naturel est ainsi sorti de la dimension « wilderness » rendant de plus en plus floue la limite entre nature et culture pour englober des objets de plus en plus divers, de la réserve intégrale à la nature en ville en passant par le parc naturel régional. Cette évolution repose-t-elle sur un changement de sens et l’émergence de nouvelles valeurs ?
D’autant que le processus ne se cantonne pas à la protection officielle. Il existe des voies différentes où l’on observe des phénomènes émergents et spontanés portés par des individus, des collectifs (mouvements associatifs par exemple) dont il serait intéressant d’analyser les discours, les images, les archétypes, voire les contradictions. De quels lieux et de quels objets se saisissent-ils ? Et à quelles échelles spatiales ? Comment ce mouvement de société s’articule-t-il avec les mondes scientifique, institutionnel, politique et économique : le patrimoine naturel, par effet de médiation, ne sert-il pas d’écran sémantique à des discours et des valeurs forts différents ?
– Vous trouverez le bulletin d’inscription sur le site du colloque, à retourner dûment rempli avant le 1er septembre 2011.
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