Lieu : École Doctorale Sciences Sociales
Bâtiment D – Salle D011
Université Paris 8
2 rue de la Liberté
93526 Saint-Denis
Tenir compte des vulnérabilités spécifiques des personnes et des territoires amène de nombreuses organisations collectives à territorialiser de façon explicite leurs dispositifs et institutions. Cette volonté de territorialisation se revendique parfois aussi de certaines conceptions de la justice, sociale et/ou territoriale.
Mais cette territorialisation peut constituer une opération spatiale et sociale de distinction et de hiérarchisation des individus les uns par rapports aux autres. Cette distinction peut également se fonder sur des conceptions très particulières et très différentes de l’idéal de justice à atteindre – ce qui pose la question des enjeux politiques de la distinction. Et cette opération spatiale explicite entraine dans certains cas des effets de distinction sociale, vécus comme injustes ou illégitimes, qui s’apparentent donc à de la discrimination.
Les mécanismes de la discrimination (vécue comme telle) peuvent être de plusieurs ordres. Premièrement, elle peut même entretenir les phénomènes qu’elle prétend combattre : par exemple, la fiscalité attractive de certains zonages qui créent des effets d’aubaine sans réellement ancrer dans le territoire les acteurs qui en bénéficient. Deuxièmement, l’égalité apparente des traitements sur un strict plan spatial omet des inégalités fortes entre espaces, ou entre populations d’un même territoire, générant une fois encore des effets discriminants, par exemple dans la territorialisation des politiques de santé publique à travers la loi « hôpital, patients, santé et territoires » qui vise à tenir compte de la spécificité des configurations locales d’accès aux soins pour garantir un traitement équitable de tous les patients. Troisièmement les politiques visant à concentrer explicitement les moyens de l’aménagement sur certains territoires considérés comme « compétitifs » dans le cadre d’une mise en concurrence européenne ou mondiale des territoires tend à favoriser intentionnellement des territoires que l’on sait pourtant déjà être les plus avantagés.
On s’interrogera lors de cette journée sur le caractère implicite de ces discriminations, intentionnelles sans pour autant être formulées, conduisant à des distinctions effectives ou ressenties. Il existerait donc une distance entre les arguments mobilisés pour légitimer la territorialisation des actions, reposant sur l’équité ou l’égalité, et leurs attendus réels, implicites mais intentionnels. Pour en savoir plus, cliquer ici.