Mon travail de recherche part d’une observation tirée d’expériences professionnelles de mon parcours dans un établissement comme celui de la MAE , du CDEF d’Eysines (33) mais aussi dans le secteur médio-social comme un ITEP ou un SESSAD et actuellement en IME sur Bordeaux . J’ai pu en tant qu’éducateur spécialisé côtoyer des enfants, plus communément nommés dans le jargon professionnel : « les enfants de l’ASE », ballotés de foyer en foyer et se construisant une vie « spécialisée » pouvant être faites de brisures et d’échec.
Malgré le dévouement des professionnels (auxquels il faudrait consacrer une autre thèse) le point de départ de mon cheminement épistémologique a été ce constat, empreint d’un certain fatalisme ambiant, de certains enfants de « l’ASE » jugés « incasables ».
Les pratiques actuelles en protection de l’enfance soulignent l’évidence, c’est-à-dire une manière de voir, l’enfant-symptôme sous le jargon : enfant de l’ASE mais d’énoncer un « usager » d’une institution et d’un dispositif social et médico-social.
En effet, « Voir » et « dire » l’enfant placé demande une étude des formations historiques, c’est-à-dire l’étude des discours d’une époque donnée qui permet de saisir les règles, les pratiques, les conditions (Revel 2007). La période historique du XVII^e siècle correspond à l’expérience fondatrice de Vincent de Paul qui, progressivement cherche à se distinguer d’une forme traditionnelle de prise en charge de la question sociale de l’abandon, vers une forme plus moderne de pouvoir qui vient s’exercer sur la vie de l’enfant-trouvé.
Ainsi ma thèse se définit au travers différents seuil, l’un débutant avec l’expérience de Vincent de Paul du XVII^e siècle dans le sauvetage d’un enfant-trouvé, d’un autre seuil moral, vers la fin du XIX^e siècle, avec l’émergence d’une population innocente mais responsable du trouble de l’ordre moral et de l’ordre social (Deleuze, 1985) ,et le troisième seuil épistémologique, autour d’un enfant à psychiatriser.